C’est avec grand plaisir que le 30 décembre dernier, j’ai participé à l’émission « je t’invite » de la RTS présentée par la très dynamique et chaleureuse Anta. Nous avons passé un agréable moment à échanger sur plusieurs sujets.
De la création du consortium West African Energy, à l’implication de Locafrique sur le secteur agricole, jusqu’aux différents projets entrepreneuriaux auxquels je participe, découvrez mon interview retranscrite ci-dessous du wolof au Français.
Bonjour chers téléspectateurs ! Bienvenue à l’émission « je t’invite » qui s’intéresse aujourd’hui à un grand consortium qui fait partie des plus grands projets du Sénégal. Un consortium créé par des privés sénégalais qui ont en commun le désir de contribuer au développement de leur pays. Son nom : West African Energy. Pour tenter d’en savoir plus nous vous proposons d’aller à la rencontre du plus jeune membre de ce consortium. Découvrons ensemble notre invité.
Bonjour Monsieur BA, nous sommes très ravis de vous rencontrer pour discuter du consortium dont vous êtes membre et qui possède la plus grande centrale électrique du Sénégal. En 2020, notre émission « Je t’invite » est allée à la rencontre des personnalités qui ont marqué l’année et dont vous faites partie.Ma première question est la suivante :
Qu’est-ce qui vous a motivé à intégrer ce consortium ?
Merci Anta de l’opportunité que vous m’offrez pour partager avec les Sénégalais les véritables raisons de notre entrée dans le secteur des énergies. Mais avant de commencer je voudrais vous remercier et saluer le travail remarquable de la RTS en matière d’information à la population.
Je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille Niassène, pour le rappel à Dieu de notre mère Sayda Mariama. Nous pensons aussi à tous ceux que la pandémie a affectés dans leur travail, qui sont dans des difficultés ou qui ont perdu un être cher. Je voulais vraiment commencer par cela.
Pour en revenir au sujet, je dirais que la raison qui m’a motivé à entrer dans le secteur de l’énergie est simple. Nous avons voulu relever le défi de mettre sur pied la plus grande centrale d’Afrique de l’Ouest, conçue par des Sénégalais. Dieu a fait que j’en suis le membre le plus jeune mais je suis entouré d’hommes d’une grande expérience et qui sont des références dans ce pays. Nous avons tous en commun l’ambition d’influer positivement sur l’économie nationale à travers les différents projets que nous mettons en place. Et cela a été une grande première d’avoir une telle opportunité qui nous permet de participer activement au développement du secteur de l’énergie Je rappelle que Samuel SARR, Arouna DIA et Abdoulaye DIA font également partie de ce consortium, West African Energy.
En tant que sénégalais, que ressentez-vous par rapport à la contribution que vous êtes en train d’apporter au développement de votre pays ?
Tout d’abord de la fierté, d’autant plus que beaucoup de gens ne croyaient pas du tout à la réussite d’un tel projet piloté de bout en bout par des sénégalais. Nous ne pouvons qu’être fiers d’avoir réussi à mettre en place une centrale de 300 Mégawatts, de surcroît, la plus puissante de l’Afrique de l’ouest réalisée par des nationaux. Cette fierté est d’autant plus grande car cette centrale aura un impact très positif sur la vie des populations, avec une baisse du coût de l’électricité de presque 40%, ce qui constituera un réel avantage concurrentiel par rapport à d’autres pays.
Vous avez rappelé l’envergure de cette centrale à l’échelle sous-régionale, est- ce que vous comptez vous limiter qu’au Sénégal ?
Non, absolument pas. Il faut rappeler que la création de cette centrale s’inscrit dans une vision précise et prend sa source dans un cadre macroéconomique clair. La découverte des ressources que sont le gaz et le pétrole au Sénégal devra normalement avoir comme conséquence une baisse des coûts de l’énergie, ce qui constituera un avantage concurrentiel certain. Cela permettra également de positionner notre pays en hub électrique et incitera les investisseurs étrangers à installer leurs industries au Sénégal pour profiter des prix compétitifs de l’électricité qui, in fine, impacteront sur leurs coûts de production. Une fois ce cadre créé, cela aura des retombées favorables sur notre économie d’une manière générale. N’oublions pas non plus que, aussi bien le gaz que l’électricité vont revenir moins chers du fait de la suppression ou de la baisse de certaines charges telles que le transport. Par conséquent l’impact économique et social sera très positif.
Khadim Bâ est un jeune homme qui investit et qui est actionnaire majoritaire de la SAR (Société Africaine de Raffinage). D’où vous vient ce goût pour les investissements ?
En vérité nous cherchons à transformer les contraintes qui se présentent à nous en opportunités. Si je prends l’exemple de mon entrée dans l’actionnariat de la SAR, je peux dire que tout est parti du projet que je nourrissais en rentrant du Canada en 2006, et qui était de faire du Sénégal un hub, une sorte de « Rotterdam d’Afrique », car comme vous le savez tous les pétroliers du monde passent par ce port. Je me suis dit que le Sénégal pouvait parfaitement profiter de sa position géographique pour jouer ce rôle de hub pétrolier. C’est pour vous dire que même si je n’ai pas pu réaliser cette ambition, 11 ans après j’ai eu la possibilité de racheter les actions du groupe Ben Laden à la SAR, ce qui m’a permis aujourd’hui d’avoir une participation de cette envergure.
Comment est née votre association ?
Nous avons discuté entre nous, avec la ferme volonté de changer les choses. Nous avons une sorte d’idéologie commune. Nous mettons en avant l’intérêt commun et celui de la Nation. Les membres du projet sont tous des chefs d’entreprises. Nous avons en tant que Sénégalais saisi cette opportunité pour influer sur la vie des populations. En résumé je peux dire que notre association est partie d’une convergence d’idées et d’orientations.
Vous êtes aussi connu comme Directeur de Locafrique. On sait que l’entreprise est spécialisée dans le crédit-bail. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Quand on fait allusion à Locafrique, on pense tout de suite au crédit-bail. Locafrique est avant tout un établissement de crédit. De telles structures sont catégorisées suivant des règles bien définies. Locafrique fait partie de la catégorie 2, donc établissement financier spécialisé, alors que les banques classiques sont classées dans la catégorie 1. Locafrique propose des prêts, du crédit-bail, de la vente à crédit, etc. Ce qui nous différencie principalement de la banque, c’est que nos clients ne peuvent pas ouvrir un compte courant à Locafrique et disposer d’un chéquier pour retirer de l’argent, car nous ne gérons pas de dépôts. Notre vocation étant de faire du crédit, nous allons chercher des financements avec nos propres ressources pour les mettre à la disposition de notre clientèle.
Avez-vous recours à des garanties ? Assurez-vous un accompagnement à vos clients pour garantir la pérennité de leurs activités ?
Pour l’accompagnement, il faut souligner que nous n’avons pas de grandes différences avec les banques. On est d’ailleurs soumis aux mêmes règles imposées par le législateur et qui régissent nos interventions. Locafrique travaille suivant ces normes. La seule différence notoire est le coût de la ressource qui est plus élevé pour nous. Donc, forcément, nos crédits sont un peu plus chers car ils intègrent notre marge, les coûts liés, les risques, etc. En vérité, pour en revenir à la question c’est au client de nous convaincre de l’accompagner à travers son dossier qu’il nous soumet pour étude. S’il nous démontre l’intérêt de le suivre dans son projet, nous le finançons, exactement comme le ferait la banque.
Est-ce à dire que vos taux d’intérêt sont plus élevés que ceux des banques ?
Normalement oui ! C’est la raison pour laquelle Locafrique s’oriente vers les secteurs qu’elle juge porteurs. Quand on reprenait Locafrique en 2011, on avait fait le pari d’accompagner le secteur de l’agriculture, sachant qu’on ne serait pas en concurrence avec les banques malgré qu’elles aient plus de moyens et des coûts de ressources plus faibles. Comme les ressources ne sont pas extensibles, ce secteur est sans grand intérêt pour elles. Pourquoi donc aller investir dans un domaine risqué et incertain ? Autant rester à Dakar se disent-elles.
Quand on a racheté Locafrique on a trouvé une situation assez difficile. Je vais vous faire un bref historique pour vous aider à mieux comprendre la situation dans laquelle elle était. A notre arrivée en 2011, nous avions trouvé une entreprise avec une taille de bilan de 3 milliards FCFA. La moitié, soit 1,5 milliard était constituée de créances en souffrance. Les créances saines représentant l’autre moitié était constituée de crédits accordés à des paysans du nord du Sénégal. Nous nous sommes dit que, malgré tout, cela pouvait constituer une opportunité. Pendant cette période, nous avons réussi à capter des ressources de la Coopération Italienne destinées à financer les secteurs porteurs tels que l’agriculture, la pêche, l’artisanat. Cela nous a permis de constater que les riziculteurs avaient les meilleurs taux de remboursement de crédit.
Partant de là, les Américains sont venus me prendre pour une tournée de trois jours à Saint-Louis. J’ai pu me rendre compte à cette occasion de l’engagement des populations et des opportunités que présentait la région. J’ai été agréablement surpris. Je vous donne un exemple. A Saint-Louis, vous voyez des producteurs qui veulent se faire financer des machines telles que des moissonneuses qui coûtent en moyenne 70 à 80 millions FCFA. Quand vous leur demandez une garantie de 30%, ils partent et reviennent avec 30 millions.
Nous avons répété le modèle plusieurs fois avec succès et c’est là où je me suis dit, en voilà une opportunité, d’autant plus que je suis sûr que les banques ne viendront pas nous concurrencer sur ce marché. Aujourd’hui, nous sommes fiers de dire que la contribution de Locafrique à l’autosuffisance en riz est une réalité.
Les statistiques montrent que 40% du matériel agricole dans la région de Saint-Louis ont été financés par notre institution. Qu’il s’agisse de rizeries pour le décorticage, de moissonneuses et même de crédits de campagne. C’est donc une fierté pour nous de partager ce qu’on a pu réaliser dans cette zone. Voilà les raisons pour lesquelles nous avons décidé de nous focaliser sur le secteur agricole.
Je profite de l’occasion pour dire que quel que soit le coût nous rémunérons la ressource. Toujours dans cette lancée, quand l’État a repris la SONACOS, nous avons été les premiers à financer la campagne arachidière avec une ligne de crédit de 20 milliards. Nous l’avons accompagné sur les campagnes de 2015, 2016 et 2017. C’est quand les banques nous ont rejoint plus tard que nous nous sommes retirés, étant donné que nos taux étaient plus élevés.
Vous êtes dans plusieurs domaines d’activité dont la finance, l’énergie…. Qu’avez-vous fait comme formation ?
J’ai fait une formation en entreprenariat. J’ai un diplôme de Bachelor en management des hydrocarbures. C’est ce qui explique d’ailleurs, comme je vous le disais, qu’à mon retour au Sénégal en 2006, je ne pensais à rien d’autre qu’aux hydrocarbures. Puis, je me suis retrouvé à œuvrer dans la finance. Tout a été une question d’opportunités. Transformer les contraintes en opportunités, c’est ce que j’ai appris.
J’ai appris que vous avez acheté une clinique pour aider dans la riposte contre la pandémie ? Est-ce vrai ?
Je ne dirais pas qu’on l’a acheté mais dans ce projet nous avons une participation majoritaire à hauteur de 51% environ. C’est une opportunité que nous avons saisie. Il s’agit d’un hôpital de 200 lits que nous comptons mettre en place avec General Electric. L’objectif est de doter le Sénégal d’un hôpital de référence et de type américain pour assurer la complémentarité.
Je suis ravie d’accueillir un jeune entrepreneur décidé à aider les jeunes. Vous avez mis en place un fonds destiné à les appuyer dans la réalisation de leurs projets. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Dans le cadre de nos activités à Locafrique nous voyons parfois des jeunes qui ont de bons projets mais que nous ne pouvons malheureusement pas financer à cause du manque de formalisation de leur activité. C’est pourtant de braves gens qui ne demandent qu’à être soutenus dans la voie qu’ils ont choisie. A cela s’ajoutent les sollicitations que nous recevons parfois. Finalement on s’est dit pourquoi ne pas mettre en place un fonds, non pour gagner de l’argent mais pour soutenir les jeunes.
Ce fonds leur permettra ainsi de bénéficier de prêts qu’ils rembourseront plus tard. Chaque année nous y contribuerons pour un milliard, l’objectif du fonds étant d’aider ces jeunes qui manquent plus ou moins de formalisation à bien se lancer.
Mais quand leur activité atteindra un certain cap, nous ne pourrons plus les soutenir car ils auront dépassé le périmètre d’intervention du fonds. S’ils veulent à ce moment passer à une étape supérieure et être éligibles aux financements proposés par Locafrique, il faudra nécessairement qu’ils répondent aux critères de formalisation. Une fois qu’ils arriveront à un certain stade de développement de leur activité également, c’est les banques qui devront prendre le relais de Locafrique. Donc vous voyez, le processus d’extension comporte plusieurs étapes. Et pour en revenir à votre question, ce fonds, c’est ma contribution en direction des jeunes, une manière de partager avec eux les opportunités que m’offre le Sénégal. Je veux leur montrer à travers cela qu’il y a bel et bien des possibilités de réussir dans notre pays.
Pour revenir à West African Energy, vous êtes le benjamin du consortium. Quel est votre secret Monsieur BA ?
Est- ce qu’on peut parler de secret ? J’ai juste foi en moi. Je fais les choses avec passion. J’ai envie de réussir mes initiatives. Le reste est secondaire. J’ai peur de la honte et de l’échec. Vous savez, ce n’est déjà pas facile d’être un jeune au Sénégal car souvent on ne nous fait pas confiance ou on ne croit pas en nos capacités. Nous devons prendre cela comme un challenge, avoir le courage d’aller au bout de nos limites et prouver nos compétences. S’il y a un secret c’est de toujours se dire que c’est possible. C’est avoir de la détermination.
Je vois que vous êtes un parfait exemple pour la jeunesse. Que pensez-vous de l’émigration clandestine ?
A mon avis, l’émigration clandestine est un problème d’éducation. Les gens doivent comprendre que s’ils mettaient leur détermination de partir dans l’envie de rester et de réussir ici, ils réussiraient bien dans ce pays. C’est ma conviction. Il est vrai que je suis parti tôt. J’ai fait trois ans à l’extérieur, de 2003 à 2006, mais je revenais chaque année en me disant que les opportunités que j’aurai au Sénégal, je ne pourrai jamais les avoir là-bas.
C’est vrai que cela peut être dur par moments mais il faut continuer à se battre aux côtés des siens. Il est préférable de tout tenter ici pour réussir que d’aller à l’aventure à l’étranger, sachant que les chances de réussite y sont très minces. C’est en tout cas mon point de vue. Les jeunes doivent rester et se battre ici, d’autant plus que tout est à construire au Sénégal. La preuve, même les occidentaux viennent investir chez nous, parce qu’ils sont conscients des nombreuses opportunités qu’il y a dans notre pays.
Monsieur BA, j’ai entendu dire aussi que vous avez investi dans l’aviation. Est-ce le cas ?
Je reviens à ce que je disais au début. Tout est question d’opportunités. Il faut effectivement dire qu’à un moment, nous nous sommes rendu compte que la position géographique du Sénégal en fait une plateforme avec un réel potentiel autour de la location d’avions. C’est partant de là que nous avons effectivement décidé de développer cette activité.
Avec autant d’activités, est-ce que vous trouvez du temps pour les loisirs, écouter de la musique… ? Qui est Monsieur BA en dehors de ses occupations professionnelles ?
Un jeune comme les autres. J’écoute toutes les musiques. Il n’y a aucune différence entre les autres jeunes et moi.
Qui est votre chanteur préféré ?
Je dirai que j’écoute tous les chanteurs, toutes générations confondues !
Revenons au consortium. Quelles sont les perspectives de West African Energy ?
Les perspectives sont déjà tracées par l’État. Quand je dis cela c’est parce que les opportunités sont claires. D’ailleurs je profite de l’occasion pour saluer la vision clairvoyante du Président de la République. Si le pays se dote d’une centrale à gaz, cela aura comme conséquence une baisse du coût de l’électricité qui induira à son tour une réduction des coûts de production. Ceci nous donnera alors un avantage concurrentiel indéniable. Notre objectif à terme est de pouvoir vendre de l’électricité à l’extérieur. On ne peut bien entendu pas tout dévoiler, mais cela fait partie de notre stratégie.
Est-ce qu’il y a au Sénégal l’expertise dont vous avez besoin dans le domaine, en matière de ressources humaines ? Est-ce qu’il y a des formations qui prennent en compte les compétences dont vous avez besoin ?
Je dirais que nous retrouvons les compétences aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger. L’important, c’est d’arriver à un mix entre l’expertise étrangère à laquelle nous faisons appel et les formations que nous devons développer sur le plan local. En apportant chacun son savoir-faire, je parle aussi bien des entreprises qui sont dans le domaine que des sénégalais formés sur place, nous devrions pouvoir relever le défi.
Monsieur BA, j’allais oublier. Est-ce que vous avez vraiment vécu votre jeunesse ?
J’avoue que j’en ai perdu une bonne partie. Le poids des responsabilités fait que, quand on vous confie quelque chose, vous vous donnez corps et âme car vous ne vous autorisez aucune possibilité d’échouer. Cela est prenant. Là par exemple, j’aurais bien voulu être ailleurs mais je ne peux pas. Ce n’est pas simple avec le travail.
Vous avez certainement un message pour la jeunesse sénégalaise, les diplômés et même ceux qui n’ont pas encore forcément une orientation ?
Mon message est simple. La réussite ce n’est pas le lointain mais c’est ici. Ce qui est possible ailleurs l’est également ici. Tout est à construire au Sénégal. Absolument tout ! On ne va pas réinventer la roue. Copier, créer et innover c’est les trois possibilités qui s’offrent à tout le monde. Inspirons-nous de ce qui se fait dans les pays développés et reproduisons ces réussites. C’est en tout cas ce que je conseille aux jeunes.
Depuis un moment je cherche à vous soutirer quelques informations, sans y parvenir. Quelles sont vos distractions ?
Ah, j’écoute de la musique. De temps à autre, je vais à la plage. Mais il est vrai que j’ai de moins en moins de temps pour moi-même. Je préfère le plus souvent me reposer pendant mes moments de répit.
Vous nous aviez parlé d’une taille de bilan de trois milliards de francs à votre arrivée à Locafrique. Et aujourd’hui où en est l’institution ?
En 2011 la taille de bilan était, comme je vous l’avais dit, de trois milliards, dont une moitié constituée de créances en souffrance. Actuellement nous sommes à 147 milliards, ce qui fait de Locafrique le premier établissement de crédit de toute la zone UMOA. Et je tiens à rappeler que c’est une structure privée qui ne fait pas d’opérations en dehors du Sénégal, preuve que les opportunités existent bel et bien.
Quelle est votre plus grande satisfaction ?
Ma plus grande satisfaction c’est d’avoir réussi des projets pour lesquels les gens étaient pessimistes. Je retiendrai l’expérience du financement de la SAR qui me tenait à cœur. Jusqu’ici, le financement du secteur pétrolier était exclusivement une affaire d’Européens. Nous nous y sommes engagés en sécurisant l’importation des produits pétroliers du pays. Nous leur avons prêté de l’argent. Nous avons financé la SAR pour 287 milliards directement. Tout cela a été fait au Sénégal, avec des entreprises sénégalaises uniquement.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre jeunesse ? Avez-vous une anecdote à partager ?
Je rencontre des personnalités qui parfois s’étonnent de me voir pour s’écrier ensuite : » Ah ! C’est ce petit gars-là ? ». J’entends souvent : « C’est lui Khadim ? »
Justement, racontez-nous une histoire que vous avez vécue.
Un jour, un PCA d’une banque de la place, qui ne me connaissait pas, était en pleine conversation avec une connaissance. A ma vue, son interlocuteur lui dit : « Tiens, voilà Khadim BA dont tu parlais ». Le PCA lui répond : « Quoi, ce petit-là ? ». Souvent je suis confronté à ces réactions, même à l’étranger et dans de grosses entreprises. On me regarde souvent avec surprise, ce qui montre que l’on a réussi quelque chose, en tant que jeune. Ce sont là quelques petites anecdotes. Les gens retiennent le »petit bonhomme ».
Quelles recommandations faites-vous aux téléspectateurs ?
Je m’adresserais surtout aux jeunes en leur demandant de s’armer de courage et détermination, et de prendre exemple sur les grands hommes de valeur de ce pays. Rien n’est facile dans la vie. La détermination est la clé de la réussite. C’est peut-être facile à dire. Notre trajectoire n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Nous avons dû faire face à beaucoup de difficultés. Ce que je leur conseille c’est de s’inspirer de ceux qui ont plus d’expériences, qui sont des références dans leurs domaines, et de ne pas se laisser tenter par la facilité.
Il y a un temps pour tout. Tout arrive à point nommé à qui sait attendre. Être patient, s’armer de détermination, sont des éléments essentiels de la réussite. Voilà ce que je voudrais dire aux téléspectateurs, particulièrement aux jeunes.